La Résistance Chrétienne
Ce mercredi 14 mars 2018, des jeunes de la paroisse St. Benoît de Hautepierre se réunissent pour évoquer l’engagement des chrétiens dans la Résistance. Ils regardent d’abord un film : « Pierre Chaillet. Le Jésuite de la Résistance. » Ce professeur de théologie à Lyon a compris, suite à un séjour en Hongrie en 1939, l’opposition absolue entre la croix gammée et la croix du Christ. Alors qu’une bonne partie du clergé français soutient le Maréchal Pétain et le régime de Vichy, lui rassemble des intellectuels catholiques et protestants et fonde une revue imprimée et distribuée dans la clandestinité : Témoignage chrétien. Son nom est son programme, sa devise « France prends garde de perdre ton âme ». Mais le Père Chaillet n’en reste pas là. Il monte un réseau pour ceux que les nazis arrêtent et déportent. Faux papiers, filière d’évasion, sauvetage d’enfants juifs.... La Gestapo le traque, il est insaisissable. Après la guerre, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem le déclare « Juste parmi les nations ».
Puis Jean-Marie ESCH, président de l’Association des Anciens Combattants et amis de la Résistance et vice président de l’Association pour des Etudes sur la résistance intérieure des Alsaciens donne quelques exemples d’Alsaciens Résistants en rappelant d’abord la situation particulière de l’Alsace, seule région de France avec le département de la Moselle à être annexée de fait au Reich Hitlérien de 1940 à 1944/45. Il présente d’abord Pierre BOCKEL : né en 1914 à Saint- Amarin (68) dans une famille francophile et sensible à la doctrine sociale de l’Eglise. Après une adolescence turbulente, Pierre entre au Séminaire des Carmes à Paris en 1937. En décembre 1940 après avoir fait son service militaire, il est expulsé d’Alsace. Alors que sa famille part en Algérie il rejoint le séminaire de Lyon où il poursuit ses études de théologie. Il est ordonné prêtre en juin 1943. A Lyon il rejoint l’équipe de Témoignage chrétien et rédige le cahier « Alsace et Lorraine Terres Françaises » à la fin de l’année 1943.Tout comme le Père Chaillet , il est élevé en 1988 à la dignité de « Juste parmi les nations » car il a sauvé plusieurs juifs. En juin 1944 il prend le maquis (suite de la p3) et participe à des sabotages de chemins de fer et à des attaques de convois militaires aux confins du Gers et de la Haute Garonne. Avec d’autres maquisards alsaciens réfugiés en zone sud, ils forment des « Groupes mobiles d’Alsace » et désirent créer une « brigade Alsace-Lorraine ». André Malraux : le « colonel Berger » commande cette « Brigade indépendante Alsace-Lorraine » qui participe aux violents combats de la libération de l’Alsace. Pierre Bockel est l’aumônier de cette brigade et noue une amitié durable avec l’auteur de L’Espoir. Dans Strasbourg libéré, Pierre Bockel témoigne :
« Ainsi en cette messe solennelle, chantée par les soldats de la Brigade Alsace-Lorraine, en présence de leur chef André Malraux, nous rendions à sa destinée séculaire ce noble sanctuaire qu’Hitler avait livré au silence de la mort et dont il projetait de faire, au mépris de toute vérité, le temple profane du germanisme. Je mesure le privilège que j’eus de prononcer l’homélie pour célèbrer un événement qui s’insère dans l’histoire de la cathédrale de Strasbourg. »
Jean-Marie, s’appuyant sur une fiche pédagogique élaborée par Eric Le Normand, chargé d’études pour la Fondation de la Résistance et l’Aeria décrit ensuite le parcours de trois jeunes figures de la Résistance Alsacienne.
Marcel Weinum, né en 1924 à Brumath, fonde dans les locaux du Collège St. Etienne à Strasbourg la « Main Noire ». Composée de jeunes Strasbourgeois, cette organisation clandestine combat le nazisme par des sabotages, des bris de vitrines, des récupérations d’armes et la diffusion de tracts. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1941 Marcel Weinum lance une grenade dans la voiture du Gauleiter Wagner. Puis il veut se rendre en Suisse, mais est arrêté à la frontière le 20 mai 1941. Jugé par le Sondergericht (tribunal spécial), le 27 mars 1942 à Strasbourg, il est condamné à mort et guillotiné à la prison de Stuttgart le 14 avril 1942.
Marcelle Engelen, née le 3 août 1923 à Strasbourg, adhère dès l’hiver 1940/41 au groupe des « Pur Sang », issu d’anciennes guides de France. Ce groupe organise l’évasion des prisonniers de guerre et autres réfractaires alsaciens. Il gère des passages clandestins vers la Suisse, la vallée de Munster ou Landange (Moselle). En janvier 1942, Marcelle Engelen, menacée par le Reichsarbeitsdienst (Service du travail pour le Reich), est contrainte de s’évader d’Alsace. Elle rejoint Lyon Alphonse Adam, né le 9 décembre 1918 à Schiltigheim est le fondateur du « Front de la jeunesse d’Alsace » (FJA). Composée en majorité d’étudiants, cette organisation diversifie ses activités clandestines : aide à l’évasion, contre-propagande et sabotage. Tout nouveau membre doit prêter serment sur le drapeau français et le crucifix. A partir d’août 1942, Alphonse Adam dirige son combat contre l’incorporation de force des Alsaciens dans la Wehrmacht en faisant éditer plusieurs tracts. Arrêté le 20 janvier 1943, il est condamné à la peine de mort avec cinq autres camarades le 7 juillet 1943 par le Volksgerichthof (tribunal du peuple) à Strasbourg. Ils sont exécutés le 15 juillet au stand de tir Desaix, à proximité du pont de Kehl.